Isa Bordat vit et travaille dans le Morvan, en Bourgogne. Après des études à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nantes et à l’École Nationale Supérieur des Arts Décoratifs de Paris, Isa Bordat commence sa carrière de plasticienne.

Elle réalise des livres d'artistes. Du livre à un exemplaire au tirage limités, à travers de courts textes, chaque ouvrage évoque la vie de tous les jours. En 2000, 130 livres de coloriage travaillés et par une dizaine d’artistes et par des élèves d'école primaire, sont exposés au musée Rolin à Autun. Ses livres sont exposés et achetés en France et à l’étranger.

En 2004, elle intègre la céramique à sa pratique. Naviguant entre l'oeuvre d'art et l’objet d'art, elle s’empare du chaudron de cuisine et le revisite en tant qu'objet sculptural. Avec sa batterie de sculptures, elle crée Mordre et unir, une série d'événements culinaires en collaboration avec des chefs cuisiniers, le premier au Musée Bibracte dans le Morvan en 2007, puis à Châteauneuf, Mauriac, Bordeaux, Vincennes.

À partir de 2005, mêlant les livres, la céramique, la peinture et des objets du quotidien, elle fait ses premières installations.

Dans son travail, elle recherche régulièrement la collaboration, la co-création et des propositions interactives.

En 2006, elle crée avec Cécile Dachary La combinatoire, une installation de céramiques plusieurs fois présentée.

En 2015, suite à une résidence en Allemagne, elle expose The place to be au Musée Arp.

En 2017, elle réalise une installation Win, Bladder,Sit, Green, Autumn... dans un jardin à New-York.

Elle travaille aussi en milieu scolaire. En 2019, en co-création, elle met en scène Cabanes de voyage avec des habitants et des collégiens à Autun. En 2021, avec un collège de Tallant, elle réalise Notre histoire, une installation avec des objets de famille.

Après moi le déluge

Cette œuvre donne à voir des sculptures d’animaux, de feuilles et de troncs d’arbres, toutes réalisées en céramique avec différents types de terres et émaillées dans une multitude de couleurs. Les feuilles sont épinglées au mur comme le sont les insectes dans leur boite entomologiques ou, selon les configurations, posées au sol comme en automne. Les animaux terrestres et troncs d’arbres sont installés sur quatre hauts comptoirs-cages fabriqués en bois brut et aluminium : « L’évolution »; « La marche »; « La volière »; « Les invisibles ». Les animaux marins sont présentés sur un socle bas réalisé en bois brut et plexiglas, « L’océan ». Des dioramas, composés de céramiques placées devant un canevas animalier revisité par un dicton, sont installés à proximité.

Je modèle d’après mémoire, à partir de souvenirs anciens et récents. Je résiste au fait de se référer à des photos, images, documents et dessins que je pourrais trouver sur Internet ou dans des livres, si facilement et abondamment disponibles. Les représentations naviguent entre des portraits ressemblants, des formes simplifiées, des images d’Épinal, des caricatures, des disproportions et maladresses, des accidents de la vie, des sensations de mouvements. Les erreurs d’anatomie sont parfois partagées avec l’entourage, chacun peut alors mesurer les failles et imprécisions de la mémoire, chacun peut réfléchir à sa propre représentation du monde animal.

La compréhension de l’œuvre est multiple. On peut être séduit par la fraîcheur un brin enfantine des sculptures et partir dans une rêverie. On peut y voir un hommage à ces êtres vivants que l’on mange avec délice. Avec un zeste d’ironie, le titre évoque notre situation écologique et peut nous orienter vers une lecture plus grave de l’œuvre . On peut y voir des analogies avec certaines circonstances actuelles. Selon les sensibilités, l’installation peut même prendre une tournure plus menaçante et accusatrice. Rien n’est interdit. On peut penser à l’Arche de Noé.

Les dioramas fonctionnent comme un écho ou comme une autre façon d’aborder le propos. 

Le spectateur peut traverser ces différents niveaux de lecture, l’œuvre n’en reste pas moins familière et chatoyante.