Ai Weiwei 15/07>03/08
auditorium de l'évêché - Projection gratuite et ouverte à tous.
(Courtesy of Ai Weiwei Studio)
Ai Weiwei est un artiste pluridisciplinaire et célèbre activiste des droits humains. Toute son œuvre est imprégnée par son histoire personnelle, marquée par le régime totalitaire chinois. Né en Chine en 1957, il est le fils d’un poète et intellectuel persécuté pendant la Révolution Culturelle. En 1958, son père et sa famille sont envoyés en exil en camp de rééducation politique dans le désert de Gobi. Ai Weiwei en sortira à l’âge de dix-sept ans, profondément marqué par les humiliations endurées par son père.
Dans les années 1990, il devient une figure emblématique de la scène artistique de Pékin. Pionnier des médias sociaux, il commence alors à dénoncer activement les agissements du gouvernement Chinois. Ses installations, sculptures et photographies interrogent les notions de censure, d’oppression, de rébellion et de liberté. Son doigt d’honneur Place Tiananmen issu de sa célèbre série photographique Study of perspective (1995) illustre cette lutte qu’il n’aura de cesse de mener.
En 2008, suite à son enquête sur la corruption autour du tremblement de terre de Sichuan, il devient la cible d’intimidations du gouvernement Chinois qu’il défie via son blog. Il finira par être arrêté et emprisonné. En 2015, pour sa sécurité, il se réfugie en Allemagne, puis au Portugal et au Royaume-Uni où il vit actuellement. Ses productions en exil, dont la gigantesque installation Law of the Journey (2016), alertent sur l’aveuglement des gouvernements européens face à la situation dramatique des réfugiés.
Human Flow
Film 145 min (2016)
Première réalisation cinématographique d’Ai Weiwei, Human Flow est un film à la frontière de l’art et du documentaire. Il recueille la parole des hommes, femmes et enfants fuyant leur pays pour des raisons politiques, religieuses ou climatiques.
Sensible à la question de l’exil et à la crise migratoire qui frappe l’Europe de plein fouet, Ai Weiwei initie son projet suite à un périple à Lesbos en 2016. Ses recherches s’étendront ensuite aux réfugiés de multiples zones de conflit dont l’Iraq, l’Afghanistan, la Palestine, le Myanmar, l’Amérique Centrale ou encore l’Afrique. Pour rendre compte d’un tel phénomène dans sa globalité, il mobilisera cinq équipes de tournage, soit 200 personnes postées dans 22 pays et plus de 40 camps de réfugiés. Un résultat poignant et des milliers d’images de terrain et de rencontres intimes, parfois filmées par l’artiste avec son portable.
À travers Human Flow, Ai Weiwei a réussi la prouesse de donner un visage humain à cette crise tout en éveillant les consciences sur la souffrance et la determination de ces populations déplacées. Rien n’épargne le spectateur : les marches interminables, les blocages à la frontière, les prisons à ciel ouvert et les camps de fortune aux conditions inhumaines. Il précise toutefois qu’« aucun film ne pourra raconter en entier la vérité car la vérité est insupportable ».
Human Flow sera récompensé en 2017 à la Mostra de Venise. Amazon Studio en rachètera les droits la même année pour sa diffusion aux États-Unis.