Alain Vernis est le céramiste du bol unique, qui réunit l’être et le faire, et lui permet d’exprimer sa relation à l’univers et au temps. Cela explique pourquoi ces pièces rares ressemblent parfois si fortement aux bols japonais de certains potiers de l’époque Momoyama du XVIème siècle, qui vit l’essor d’une spiritualité liée à la conscience aiguë de la réalité de l’instant.

Alain Vernis est né en 1946 à Sens (Yonne). […] Après ses études, en 1968, commence une longue série de voyages en Inde, au Laos, en Birmanie, au Pakistan, en Afghanistan, au Kenya, au Yémen, en Éthiopie… au cours desquels il développe un nouveau moyen d’expression, la photographie.

En 1985, il installe son atelier dans le Haut-Morvan, région aux hivers rudes où la terre peut rester gelée pendant de longs mois, et y mène une vie de solitude et d’ascèse, vivant de ce que lui offre cette nature difficile, mais qu’il considère aussi comme généreuse. Par nécessité et exigence, il s’initie seul à la céramique avec les argiles et les minéraux de la région, s’immergeant totalement dans cette pratique qu’il expérimente de façon empirique avec une infinie passion. […]

Si Alain Vernis crée essentiellement des bols, « c’est sans doute, dit-il, que le bol est une forme première instinctive pour un modeleur poussé par l’observation de la ‘réalité’ ».

Chacun de ses bols est unique, non seulement dans sa forme, mais aussi dans l’élaboration même de la pâte, des couvertes, engobes et émaux, souvent conçus pour une seule pièce. […]

Les premières expositions de son travail ont eu lieu à Paris dans l’atelier du céramiste Albert Diato, en 1986, suivies d’autres, notamment à la galerie DM Sarver ainsi qu’aux galeries Myrna Myers et Jacques Barrère. Pierre Descargues l’interviewe pour son émission Les Art et les Gens sur France-Culture. En 1999, invité à Kyoto (Japon) par le céramiste Raku Kichizaemon (15ème de la dynastie Raku), il s’exprime sur son travail à l’institut franco-japonais de Tokyo.

Ses œuvres, montrées à Paris en 2002 à la galerie l’Arc en Seine, sont exposées en 2004 au Musée archéologique de Bibracte en Bourgogne. En 2006, des pièces de basse température sont présentées à la galerie Besson à Londres, d’autres, de haute température, à la galerie Pierre-Marie Giraud à Bruxelles. En 2007, il expose à la galerie Blondeau Fine Art Services à Genève ainsi qu’au Pavillon des Arts et du Design à Paris.

Extrait de Céramique Contemporaine – collection Maurice Lambiotte, par Carole Andréani et Maurice Lambiotte, Paris, Editions Norma, 2007.